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La prieuse de Soupir
Contes

La Prieuse de Soupir
E. B. A.

L’histoire de cette photo étrange est très énigmatique ; jugez plutôt :

Elle fut prise en 1917 dans l’Aisne non loin du village de Soupir par un soldat français, photographe de guerre, qui devait périr quelques jours plus tard, envoyant a sa fiancée à paris ce cliché avec la mention "voie la triste désolation de cette boucherie absurde".

Ainsi on peut être quasiment certain que lorsque le cliché fut pris il n’y avait pas cette jeune femme au premier plan ou du moins qu’elle était invisible pour le pauvre poilu photographe car cette belle mystérieuse prieuse, disons le, n’a rien pour évoquer une "boucherie absurde" !

La fiancée du pauvre soldat appartenait au "cercle spirite parisien de la rue st martin" et l’affaire intéressa rapidement de nombreuses personnalités du milieux des tables tournantes dont Sir Arthur Connan Doyle ou encore Allan kardeck (du moins son esprit).

Aussi le tirage fut il envoyé à Kodack qui en fit une analyse approfondis et découvrit que les cristaux d’argent qui étaient à l’emplacement de la prieuse étaient strictement similaire a ceux qui se trouvait dans les autres endroits de la photo. Il n’y avait pas de truquage !

L’anecdote fut cependant vite oublié car la mode pour le spiritisme passât rapidement, les jeunes femme préférèrent aller danser le charleston au bal nègre et la photo rejoint les bac a étrangeté de l’histoire on a put la voir une dernière fois publiquement en 1930 lors d’une exposition à Paris entre les fées de Cottingley et la Brown Lady de Raynham Hal et puis plus rien.

Quant à la pauvrette elle n’eut plus aucune nouvelle de son fiancé qui ne fût pas retrouvé. Elle pris l’habitude d’aller chaque jour dans les rues vêtu de noir, noble cependant, n’adressant la parole a personne, et se rendait rue "Git-Le-Coeur" ou immanquablement et inexplicablement a son passage on entendait une triste rumeur remplir la rue et semblant provenir comme de dessous terre. Elle porta le deuil jusqu’à sa mort durant l’hiver 1954

La tristesse de ce destin inspirât a Fréhel une bien sombre histoire qu’elle ne chanta que deux ou trois foi dans quelques bordels louche de la capitale Cependant cette la mélodie de cette chanson eut le temps d’être saisi par un pianiste hongrois du nom de RezsÅ‘ Seress de passage a paris qui écrivit de triste paroles hongroise et en fit une des plus sordidement célèbre chansons de l’histoire : Szomorú Vasárnap (Sombre Dimanche). Chanson maudite ayant la réputation de provoquer les suicides. Les paroles hongroises furent ensuite traduite en Français et ironie du sort Fréhel interpréta cette chanson qui fut un de ces succès. Hélas les ravages de la "coco" et de l’alcool ne lui permirent pas de se rappeler que c’était d’une très vielle et triste chanson d’elle même que la terrible mélodie était inspirée !

Pour en revenir a l’étrange photographie, dès 1920 nous savons que le Vatican fut informé de l’existence de ce document. Les communications des abbés Sonnières, Baloud et Pradel à ce sujet peuvent être trouvés à la bibliothèque nationale.

La question soulevé alors était "s’agit-il d’une apparition de la vierge ? ou d’une sainte ?" Mais alors comment expliquer l’absence de sainte auréole pour couronner l’icône. Une apparition aurait eut le bon goût de se cadrer au centre de l’image, d’un peu moins prêt comme sur les images pieuses. Et puis l’absence de voile ou de voilette, ces cheveux libres... trop sensuel, non décidément le Vatican ne pouvait pas reconnaitre ici un saint miracle. Ce qu’il ne fit pas. Et une fois de plus la photo tombât dans les oubliettes de l’histoire.

Elle connut une étrange résurrection en 1973, en faisant la couverture de l’album "Dark Lady" du groupe psychédélique californien "sheep of angriness".

Les circonstance dans lesquelles le leader du groupe Gailles Besgear parvint a se procurer cette images demeurent flou et obscures. Plusieurs historiens des groupes psychédélique californiens se sont réunis en outre le 8 mars 1999 à Vilnius afin de trancher se dilemme. Au vu des diverses version des membres du groupes (déjà tous mort a l’époque d’overdoses ou d’accident grave) et de ce qu’en disait Gailles Besgear lui même disparut dès après la parutions de l’album "Dark Lady" dans des circonstance étrange, ce fut lors d’un séjour à Glasgow que Gailles, habitué a fréquenter incognito les pub crasseux, fit la rencontre d’un étrange "Viel Homme Erudit" dont on sait bien peu de choses sinon qu’on ne le voyait jamais arriver, jamais repartir mais qu’on se rendait compte qu’il était là a cotés de vous parce qu’il se mettait a parler parler tant et sur tant de sujet qu’on se demandait comment lui même parvenait a finir sa Guiness et qu’on en oubliait soi même sa liqueur ; mais on n’en ressortait pas moins saoul, comme sous le charme de cet vieillard a la connaissance universelle.

Il parait qu’on le croise encore de nos jours. Il est le plus souvent a Glasgow ; mais parfois descend faire un tour dans des bistrot parisien ou il est alors appelé "le vieux d’après minuit".

C’est ainsi qu’un soir, après la manière dont rockfeller fit fortune et la recette de la Vrai Tarte Tatin, Gailles eut droit au récit détaillée de l’histoire de "la Prieuse de Soupir" comme officiellement elle était appelé alors.

Dès lors il n’eut de cesse d’essayer de mettre la main sur le fameux cliché. On sait qu’il arpenta en vain toutes les bibliothèques parisiennes. La suite est moins claire. Un mystérieux informateur passionné de cimetière ( qui prétend aussi connaitre l’identité de l’homme qui pendant 80 ans a déposé des roses dans une bouteille de whisky vide sur la tombe d’Edgar Allan Poe ) nous a révélé que suite a une conversation avec une femme en noir dans un café de la rue Git-le-Coeur Gailles Besgear se rendit nuitamment au cimetière du père lachaise, parcouru les allées obscure jusqu’à la récente tombe de Jim Morrisson en déplaça le buste qui devait être dérobé quelques années plus tard et glissa furtivement dans sa poche une petite enveloppe rose.

Et ainsi "la Prieuse de Soupir" faillit connaitre enfin la célébrité a laquelle elle était destiné...

Hélas, l’album connut un succès tout à fait confidentiel, pour ne pas dire ridicule ; Gailles Besgear ne s’en remis jamais vraiment et un jour sur l’ile de skye on le vis partir dans la landes, il disait vouloir atteindre "le lac des fées ou son âme torturée pourrait a jamais trouver le repos". Il ne revint jamais. Sa dépouille ne fut jamais retrouvé. on suppose qu’il a rencontré une falaise...

Mais "la Prieuse de Soupir" devait finalement connaitre son destin presque 30 plus tard, lorsque à l’occasion d’un voyage en France, la fameuse jet-setteuse D.J. Angela E. découvrit sur un étal des puces de St Ouen dans une pile de disque la rareté absolu : précisément l’album "Dark Lady" des "sheep of angriness". C’est lors d’une soirée Champagne Veuve Cliquot que celui que nous présenterons sous le pseudonyme de Geek-Gil manifesta pour la première fois un intérêt tout particulier a l’étrange photo mais surtout à l’étrange "prieuse" de la photo.

Plus tard on sut qu’il avait déménagé rue Git-Le-Coeur, on le voyait marcher de longues heures dans tout paris toujours accompagné tantôt d’un mystérieux vieillard, presqu’un clochard, s’arrêtant a tous les bistrot, tantôt d’une noble dame en noir. Ainsi dit-il dans ses mémoires il appris toute l’histoire extraordinaire d’un des plus remarquable cliché méconnu du XXeme siècle !

Il engagea alors de couteuses recherches, qu’il finança par la rente d’une bonne dizaine d’appartements qu’il possédait à Paris pour remettre la main sur la plaque de verre originale du cliché.

La découverte de cette plaque épaissit encore un peu plus le mystère qui entoure la "prieuse". En effet, après un séjour sous terre, puis en lieu humide, puis dans un vieux grenier d’un manoir de la côte normande, la plaque paraissait intacte. La remarquable conservation de cet original ne trouva pas (et n’a toujours pas trouvé a ce jour ) d’explication dans les milieux spécialisés de la photographie à l’ancienne.

Mais plus étrange encore furent les découvertes obtenue lors de l’analyses au microscope de la plaque de verre. Il apparaissait en effet qu’en lieu et place des cristaux flous d’argent qu’on trouve généralement sur les plaques photographique nous avions une succession de carrés, fort bien dessinés, de sorte que l’on peut aujourd’hui dire ceci : "la Prieuse de Soupir est composée de Pixels !"

Nous pouvons donc affirmer aujourd’hui que nous avons affaire à un authentique OOPArt (Out of Place Artifact, c’est-à -dire « objet fabriqué hors de place ») au même titre que la fameuse "pile de Bagdad" ou les "Carte de Piri Reis".

En conclusion de son étude (resté peu diffusé) Geek-Gil écrivit la phrase suivante, peut être une clef a l’épais mystère de "la Prieuse" :

"Ou de nombreux commentateurs on vu une apparition la vierge marie ou les mystère de la religion, la preuve d’une vie après la mort ou d’autres mondes, des voyages dans le temps, des univers multidimensionnel, ma conviction personnelle est que sur cette photo il y a une muse aux mains jointes. Et c’est de ces mains que suinte l’inspiration, les interprétation et leurs multiples commentaires." G.G.

Lluvias
Traductions
Lluvias
 
Ocurre asà­
la lluvia
comienza un pausado silabeo
en los lindos claros de bosque
donde el sol trisca y va juntando
las lentas sà­labas y entonces
suelta la cantinela
 
asà­ principian esas lluvias inmemoriales
de voz quejumbrosa
que hablan de edades primitivas
y arrullan generaciones
y siguen narrando catástrofes
y glorias
y poderosas germinaciones
cataclismos
diluvios
hundimientos de pueblos y razas
de ciudades
lluvias que vienen del fondo de milenios
con sus insidiosas canciones
su palabra germinal que hechiza y envuelve
y sus fluidas rejas innumerables
que pueden ser prisiones
o arpas
o liras
 
pero de pronto
se vuelven risueà±as y esbeltas
danzan
pueblan la tierra de hojas grandes
lujosas
de flores
y de una alegrà­a menuda y tierna
 
con palabra hàºmedas
embaidoras
nos hablan de paà­ses maravillosos
y de que los rà­os bajan del cielo
 
olvidamos su treno
y las amamos entonces porque son dà³ciles
y nos ayudan
y fertilizan la ancha tierra
la tierra negra
y verde
y dorada.
 
Aurelio Arturo

Les pluies
 
C’est ainsi que né
La pluie
Une calme syllabation apparait
Dans les belle clairières
Ou le soleil joue et mélange
Les longues syllabes et ainsi
Libère la contine
 
Alors commencent ces pluies immémoriales
D’une voix plaintive
Elles Parlent des âges premiers
Elles bercent les générations
Et transmettent le récit des catastrophes
Et des gloires
Des puissantes germinations
Des cataclysmes
Et des déluges
Des villages engloutis, des villes ravagées
Des pluies qui viennent du fond des millénaires
Avec leurs chant envoutants,
Leur parole créatrice qui charme et qui ensorcelle,
Et leurs innombrables grilles d’eau
Qui peuvent devenir prison,
Ou cordes de harpes,
Ou de lyres
 
Quand tout à coup
Elles deviennent riantes et sveltes
Elles dansent
Et peuplent la terre de végétations immense
De Luxes
De fleurs
Et d’un bonheur fin et tendre
 
Alors, avec des paroles humides
Elles mentent
Nous parlent de pays merveilleux
Ou des fleuves descendent du ciel
 
Nous oublions nos lamentations
Et nous les aimons alors parce qu’elles sont dociles
Et qu’elles nous aident
Et qu’elles fertilisent la terre immense
La terre noire
Et Verte
Et dorée.
 
Aurelio Arturo
Fra Angelico
Italie
Dimanche 23 Janvier
répète du dimanche avec Gaël
Lavandière
Contes

Il n’y avait pas de matins comme ce matin-là .

Un vieux moine aux yeux blancs priait depuis plusieurs années sans s’arrêter, sans dormir, le regard éteint, mué, la bouche psalmodiant un monocorde sourd, tout intérieur.

Ce matin-là , dans la couronne du cloitre il est sous l’ormeau dans l’ombre végétale.

Il n’y avait pas de matins comme ce matin-là .

Presque rien pour les yeux une lavandière heureuse chante. Ses cheveux en pagaille mis dans un foulard sale ressemblent à un nid d’oiseau de paradis.
Mais sa musique est plus sauvage qu’elle encore, une musique plus vraie, plus provocante que la lumière qui impudiquement la dévoile à travers la transparence du tissu.

Il n’y avait pas de matins comme celui-là .

Une chanson de Lavandière ça ne devrait franchir les murs d’un cimetière, le fossé d’un église, les grilles d’un monastère. Ca devrait se perdre dans les colonnes du cloitre, être humble au milieux des vertus, ça ne devrait jamais réveiller un vieux moine.

Il n’y avait pas de matins comme celui-là .

L’aveugle ne recouvre pas la vue, mais il voit : là ses années offertes et là son sacrifice. Ses années sacrifiées. Un tout petit coffret qu’il n’eut jamais ouvert.

Il n’avait jamais eu de matins comme celui-là .

Un vide c’est rempli. Puis la nuit le surprend car il ne ressent plus cette peur des ténèbres où se logeait le doute.

Il n’y a pas de nuit comme celle-là car il n’y a pas de miracle : un aveugle, ça n’écrit pas.

Mais le matin il y a l’ancre sur du papier de paille : "Pour Maria Thérésa, la jeune Lavandière". La plume était légère, elle dansait gaiement, on voit une musique que nul ne pourrait lire.

Mais déjà on s’inquiète : Qui peut alors séparer l’œuvre de Dieu de celle du Malin ?

Le moine était aveugle, il est mort dans la nuit, on lui ferme les yeux : il n’y aura plus de matins comme celui là .


Quand on chercha la voix pour chanter le requiem nul ne pouvait déchiffrer les délires du moines dans sa dernière nuit.
On dépêcha alors une enfant qui vivait au couvent. Elle était lavandière. Elle faisait les lessives. Elle avait 19 ans. On avait prévenu : "Elle a une voix, mais le cœur hermétique".

Comme elle ne savait lire et qu’il n’y avait pas d’écriture, mais bel et bien le dessin d’un chant, assez précis, pour qu’elle le reconnaisse elle comprit que cette musique c’était la sienne, celle qui jouait en elle lorsqu’elle était heureuse. Cela la rendit heureuse, alors elle chanta et tous furent éblouis.
C’était là sa musique.

Mais elle ne s’appelait pas Maria Thérésa, elle n’avait pas de nom, elle était orpheline la belle lavandière.


Il y avait un homme dans un coin de la ville, dans un coin des mémoires. A lui non plus nul ne savait son nom. On n’avait pas besoin de connaitre son nom, il ne sortait jamais.

C’était l’"homme des livres", parce qu’on l’avait vu lire, ou bien c’était "Le diable".

Une Histoire dit que le diable est des hommes, et qu’il vit avec eux, et aussi qu’il habite une vielle maison où toute la nuit brûle une même chandelle qui colore de rouge la plus haute fenêtre.

Mais c’est un jour étrange et cet homme il est là dans un coin de l’église. Il y à bien longtemps, il connaissait un moine qu’on enterre ce jour.

Point de joie dans les visages fermés, la pierre humide, les statues, c’est sur le visage de cet homme, différent, marqué, mais vif et au regard brillant, que la lavandière, apeurée trouva la force d’être heureuse.

Alors elle chanta pour elle, comme la première fois, avec tant de confiance et d’assurance qu’on aurait pu jurer la partition écrite.

Si bien qu’on garda de ce jour un souvenir de fête, aussi lorsqu’on trouva un matin le premier malheureux d’une longe série, il sembla naturel que la lavandière chanta pour adoucir le deuil.
Et noyer la peur aussi, car dès lors et pendant presque un an, il n’y eut pas de semaines qui ne fut endeuillée. Les crimes se passaient la nuit et on retrouvait les corps au matin dépouillés.
Ainsi chaque semaine, et parfois par deux foie ; la Lavendiaire chantait.

Et la rumeur murissait que le criminel agissait pour entendre, toujours une fois de plus, ce cantique qui attendrissait la mort. mais personne n’osait la formuler car tous étaient éblouis, et ils se disaient "Qui en serait capable ?" tout en pensant à eux.

La lavandière ne s’en souciait pas et son chant évoluait comme son désir pour cet homme étrange murissait. Elle finit par chanter pour lui ; et non plus simplement pour elle.
Sa musique devint à la fois plus hésitante et plus souple. Sa voix, cherchant à présent à charmer, tentait d’envelopper, de caresser. Mais toujours aux aguets, en gardant des mouvements vifs, elle semblait exprimer la curiosité d’un petit animal. Parfois, elle modifiait quelques notes en prenant garde aux réactions les plus subtiles, qu’elle pouvait lire sur son visage. Et lui de son côté percevait tout, et pouvait entendre et goûter le moindre souffle de voix qu’elle aurait glissé dans son chant.

Et lorsque l’office prenait fin lui repartait à pied, marchant souvent de longues heures, son chant l’accompagnait un bout du chemin, jusqu’à que sa mémoire en oublie le timbre et la musique.
Au début c’était le temps de quelques mètres. Mais au fil des semaines la voix légère le suivait par les rues poussiéreuses, toujours un peu plus loin que la fois dernière.

Après presque une année, il arriva un jour où le chant le suivit jusqu’à ’ sa porte et souffla sur son oreille.


La lavandière est là , dans la nuit, silhouette frêle se découpant sur un mur blanc de lune. Et cette nuit la lune pleine, qui chasse les étoiles et fascine les hommes, la lune a sa rivale et la lune est vaincue.
Et c’est comme nuit blanche pour le gardien des livres.
Du fond de cette nuit lui reviennent des chants d’oiseaux anciens :

"Je te les apprendrais,
Et même s’ils sont morts, ces oiseaux revivront
Et tu frissonneras au contact de leurs plumes.
 
Nous nous ferons porter
Par certains chants sauvages
Mais toujours caressants.
Alors je nommerais
Chaque grains de ta peau..."
 
La pleine lune éclairait,
La lavandière entra.

Il y avait sur les murs des rayonnages de reliures sombres et dorées. Des livres et des dessins, au mur et sur le sol.
Des milliers de dessins, tous des dessins d’oiseau, du simple au magnifique.

Ce soir-là , un autre oiseau naquit des ombres et des lumières, au détroit de ses seins.


A l’aube elle du le quitter.
Deux Rayons de lumière sont dans la chambre :
Le premier pour son visage à elle, sur son profil penché en contre jour. Le rayon frôle sa joue et poursuit jusqu’à heurter son œil à lui, il s’éveille, alors et il la voit, comme au sortir d’un rêve.
Mais celle qu’il voit aussi très clairement, et de si près, c’est un fantôme du passé.
Un vaste effroi le glace.

Elle dans sa fuite légère son œil est attiré par le second rayon sur des feuilles entassées. Dans un instant elle perçoit alors sa musique là dans les moindres détails comme un portrait à nu, couché sur le papier. Mais ce qu’elle voit surtout c’est la passion d’un homme, si intense, que c’est une folie.


L’homme des Livres ce matin-là n’est plus le même. Il a dans une seconde retrouvé son histoire, retrouvé son passé dans un trait de lumière.
Pas de matins comme celui-là depuis tant d’années déjà ...

Dans sa jeunesse il y avait une femme Maria Thérésa, à la pure beauté. Il dessinait les oiseaux, elle chantait.
Un jour, il dessina son chant ...
Et puis, l’absurde histoire des hommes l’éloigna d’elle deux années. Deux années mortes, deux années de morts.
A son retour elle avait disparu, nul ne la connaissait plus dans ce village étrange où tout était malade.
Elle fut son fantôme et lui l’homme des livres. Dix sept années durant.

A présent la douleur ressuscitée était insupportable, il prit le nécessaire et les oiseaux au mur, pour une fois, le virent sortir sans refermer la porte.


Et voilà dans l’église où elle chantait hier, de tout son corps vibrant sa vraie musique libre, la lavandière qui aujourd’hui chuchote et qui retient ses mots.
Elle dit que c’est le diable qui chantait par sa bouche. Elle dit qu’un homme a tué pour entendre ce chant et qu’il faut faire taire cette magie terrible. Déjà dire c’est trop, alors, elle ne dit plus rien. Jamais.
Et petit à petit on l’appela la muette, la belle lavandière.
Elle vieillit tristement. Jusqu’à sa mort et bien des années plus tard plus un ne se souvint du son de sa voix.


Quelques jours après la nuit de la pleine lune, sans qu’on comprenne pourquoi, se présenta un jeune homme ni rustre, ni sale, ni laid. Il avoua tous les meurtres sans remords ni regrets.




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